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RACINE.

démie française, Le Clerc, eut cette idée ingénieuse, de concert avec Coras, une obscure « victime de Boileau ». Bien vite les deux compères se mettaient à l’œuvre, et, le 24 mai 1675, ils faisaient représenter une Iphigénie sur le théâtre Guénégaud. L’œuvre était misérable. Non seulement les plagiaires volaient Racine, mais encore Rotrou, auteur d’une Iphigénie qui n’avait été d’aucun secours à Racine. Avaient-ils eu seuls cette idée, ou leur avait-elle été soufflée ? On ne sait, mais il est à remarquer qu’ils faisaient ainsi le premier essai de la manœuvre qui allait être reprise contre Phèdre. Le procédé n’était pas encore assez parfait pour aboutir ; une seconde tentative en tirera le plein effet. En attendant, l’Iphigénie de Le Clerc et Coras tombait lourdement. Pour toute vengeance, Racine laissait courir la méprisante épigramme que l’on sait.

Dans les derniers mois de 1676 et même, sans doute, avant cette époque, on savait que Racine travaillait à un nouveau sujet, imité de l’Hippolyte couronné, d’Euripide. La pièce était représentée à l’Hôtel de Bourgogne le Ier janvier 1677, sous le titre de Phèdre et Hippolyte. Deux jours après, le théâtre de la rue Guénégaud donnait Phèdre et Hippolyte de Pradon. Cette concurrence était le fait d’une cabale enragée de haine et de jalousie. Nous allons la voir à l’œuvre.

Iphigénie avait mis en action une lutte de sentiments dans le cœur des mêmes personnages. Ce genre de ressorts dramatiques n’était pas nouveau dans le théâtre de Racine ; Andromaque et surtout Bérénice les avaient déjà employés. Mais ils se trou-