Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/560

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chant la qualité d’empereur, à l’exception de Santini ; ils y ont renoncé dans la crainte d’être éloignés de lui.

Novarrez est venu me chercher ; Napoléon me demandait. Lorsque je suis entrè, il m’a regardé fixement et m’a dit en riant : « Vous avez la figure comme si vous vous étiez grisé hier soir. » Je lui dis que je ne m’étais pas grisé, mais que j’avais dîné au camp et m’étais couché très-tard. « Quante bottiglie ? » ajouta-t-il en levant trois de ses doigts. Il m’a dit ensuite que le comte Bertrand avait vu la veille le gouverneur, et lui avait présenté des observations. « Voilà rédigé, continua-t-il en me montrant un papier, ce que je lui ai mandé. » Il m’a écrit qu’il me chargeait de le remettre. Par cet écrit il proposait à sir Hudson Lowe de prendre le titre du colonel Muiron, tué près de lui à Arcole, ou de baron Duroc ; que, comme le titre de colonel désigne une position militaire, ce qui laisserait peut-être encore de l’ombrage, il vaudrait mieux adopter celui de baron, qui était le plus mince des titres.

« Si le gouverneur consent, continua-t-il, qu’il signifie à Bertrand d’accepter l’un d’eux, et je l’adopterai. Cela épargnera bien des difficultés, et aplanira la route. Vos yeux, continua t-il, ressemblent bien à ceux d’un homme qui aurait fait une débauche la veille. » Je lui expliquai que cela provenait beaucoup du vent et de la poussière Il sortit alors et demanda Saint-Denis, prit ensuite le papier que j’avais copié