Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/559

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nouvelle journée d’autres colpi di stilo al cuore da questo boja, che ha piacere a far di male. Il jouit de cela, le malheureux ! Me tourmenter, m’insulter, m’épuiser par les privations, voilà son plaisir. Il veut abréger ma douloureuse vie D’après ses dernières restrictions, je vois qu’il ne m’est plus permis de causer avec les personnes qui se trouvent sur mon passage. Mais cette liberté-là n’est pas refusée à des condamnés à mort ! Un homme est enchaîné, enfermé dans un cachot, nourri avec du pain et de l’eau ; mais lui refuse-t-on la liberté de parler ? Devant le saint-office, on écoute un homme qui se défend ; j’ai été condamné sans qu’on m’ait entendu et sans avoir été jugé, au mépris de toutes les lois divines et humaines ! Je suis détenu comme prisonnier de guerre en temps de paix, séparé, de ma femme et de mon fils ; on m’a transporté par la force ici, où l’on m’impose une existence insupportable ; l’arbitraire m’ôte jusqu’à la liberté de ma pensée. Je suis sûr qu’aucun des ministres, excepté ce stupide lord Bathurst, n’a consenti à cette tyrannie. Ils disent à Londres qu’ils me donnent tous les objets nécessaires à la vie. En effet, ils m’adressent plusieurs de ces objets, puis vient cet homme qui me les retire tous, et m’oblige à vendre ma vaisselle pour nourrir les miens. Je vis au milieu de fripons, d’espions ; on m’insulte bassement, ainsi que ma suite ; puis arrive ce gardien qui veut m’interdire jusqu’à la plainte écrite, et même quelques paroles de douleur. Il a l’impudeur de soutenir qu’il n’a rien changé !  !  ! Il ajoute, lorsqu’il me vient des visites de passagers, qu’ils ne peuvent parler à mes amis d’ici. Il veut même me les présenter. Oui, si mon fils débarquait, et qu’on exigeât qu’il me fût présenté par cet homme, je refuserais de le voir ; je le renverrais. »

L’Empereur souffre des gencives ; les siennes sont spongieuses, colorées.

Le 14. Les compagnons de Napoléon ont signé l’acte qui ratifie la permission qui leur a été adressée de rester auprès de Napoléon. Les signataires n’ont essayé à changer dans la teneur de cette déclaration que ces noms : Napoléon Bonaparte, qu’ils ont remplacés par l’empereur Napoléon. Cette pièce a été adressée, le 14, au gouverneur.

L’Empereur avait conseillé à ses amis de ne point signer la déclaration, et de se laisser enlever de l’île.

Hudson n’a point consenti à ce changement ; il préfère, dit-il, les renvoyer au cap de Bonne-Espérance. Les habitants de Longwood ont signé, hier soir, la modification de rédaction de leur engagement, tou-