Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/14

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Ces communications se seraient entretenues depuis longtemps à l’insu de Napoléon.

Il faut que M. Fouché ait un furieux penchant aux opérations clandestines. On sait que sa première disgrâce, il y a quelques années, vint d’avoir entamé de son chef des négociations avec l’Angleterre, sans que l’Empereur en sût rien. Dans les grandes circonstances il a toujours eu quelque chose d’oblique. Dieu veuille que ces actes ténébreux d’aujourd’hui ne deviennent pas funestes à la patrie !


Caulaincourt – Fouché.


Jeudi 22.

Je reviens passer quelques heures chez moi. Dans ce jour on a présenté la députation de la Chambre des pairs.

Le soir on avait déjà nommé une portion du gouvernement provisoire ; MM. de Caulaincourt et Fouché, qui étaient du nombre, se trouvaient au milieu de nous, au salon de service. Nous en faisions compliment au premier, ce qui n’était au vrai que nous féliciter pour la chose publique, il ne nous a répondu que par de l’effroi. Nous applaudissions, disions-nous, aux choix déjà connus. « Il est sûr, a dit Fouché d’un ton léger, que moi je ne suis pas suspect. – Si vous l’aviez été, repartît assez brutalement le représentant Boulay de la Meurthe qui se trouvait là, croyez que nous ne vous aurions pas nommé. »


Gouvernement provisoire présenté à l’Empereur.


Vendredi 23 au samedi 24.

Les acclamations et l’intérêt du dehors continuent à l’Élysée. Je présente le gouvernement provisoire à l’Empereur, qui, en le congédiant, le fait reconduire par le duc Decrès. Les frères de l’Empereur, Joseph, Lucien et Jérôme, sont introduits plusieurs fois dans le jour, et s’entretiennent longtemps avec lui.

Cependant une nombreuse population s’agglomérait tous les soirs