Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/147

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uniforme si leste et si simple, ce petit chapeau si renommé ! il était debout sur le seuil de la porte, sifflant un air de vaudeville, quand je l’abordai. « Ah ! vous voilà ! me dit-il, pourquoi n’avez-vous pas amené votre fils ? – Sire, répondis-je, le respect, la discrétion, m’en ont empêché. – Vous ne sauriez-vous en passer, continua-t-il ; faites-le venir. »

Jamais l’Empereur, dans aucune de ses campagnes, peut-être dans aucune des situations de sa vie, n’eut sans doute de logement plus exigu, ni autant de privations. Le tout ici consistait en une seule pièce au rez-de-chaussée, de forme à peu près carrée ; une porte sur chacun des deux côtés opposés, et deux fenêtres sur chacun des deux côtés perpendiculaires ; du reste, sans rideaux, sans volets, à peine un siège. L’Empereur en ce moment se trouvait seul, ses deux valets de chambre étaient à courir pour lui composer un lit. Il lui prit fantaisie de marcher un peu ; or le monticule n’offrait pas de terre-plein sur aucune des faces de la petite guinguette ; ce n’était tout autour que grosses pierres et débris de rochers. Il prit mon bras et se mit à causer gaiement. Cependant la nuit, se faisait,