Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son maître, en passant par Calais et Paris. Ce contretemps accidentel, ou médité, fut une fatalité de plus ; il eût gagné Paris avant les alliés, se fût trouvé auprès de Marie-Louise, eût déjoué les derniers projets de M. de Talleyrand, et produit des combinaisons nouvelles.

Il existait deux opinions dans le cabinet autrichien : l’une pour l’union avec la France, l’autre pour l’alliance avec la Russie. Soit intrigues, soit fatalité, le parti russe l’emporta tout à fait, et l’Autriche ne fut plus qu’entraînée.


Petits détails intérieurs, etc. – Réflexions.


Mardi 14.

Ce matin on a servi à déjeuner du café plus supportable ; il était même bon ; l’Empereur a manifesté un vrai plaisir en le goûtant. Quelques moments plus tard il disait, en frottant son estomac de la main, qu’il en sentait le bien là. Il serait difficile de rendre mes sentiments à ces simples paroles : l’Empereur, en appréciant ainsi, contre son usage, une si légère jouissance, me découvrait sans le savoir les progrès de toutes les privations qu’on lui impose, et dont il ne se plaint pas.

Le soir, en remontant de notre promenade de l’après-dînée, l’Empereur dans sa chambre m’a lu le chapitre des Consuls provisoires, dicté à M. de Montholon. La lecture finie, l’Empereur a pris un ruban, et s’est mis à attacher lui-même les feuilles éparses. Il était tard : le silence de