Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/207

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« Je vis, autour du logement de l’empereur de Russie, des hommes distingués par leur rang, et se disant Français, s’évertuer en cent façons au milieu de la multitude, pour l’amener à crier : Vive Alexandre ! notre libérateur !

« Je vis, Sire, votre statue de la place Vendôme fatiguer, épuiser tous les efforts de quelques misérables de la lie du peuple, soldés par des gens d’un grand nom.

« Enfin je vis, à l’un des coins de cette même place Vendôme, devant l’hôtel du commandant de la place, un officier de votre maison, le soir même du premier jour, vouloir débaucher de jeunes conscrits pour un tout autre service que le vôtre, et recevoir d’eux des leçons qui eussent dû le faire rougir, s’il en eût été susceptible.

« Nul doute que ceux dont je parle ici ne prononçassent que je me trouvais en ce moment au milieu de la canaille ; et pourtant je dois à la vérité de dire que du moins ce n’était pas du tout de ce côté que partaient les turpitudes du jour. Leurs actes étaient loin d’y obtenir l’approbation ; ils s’y trouvaient censurés, au contraire, par la droiture, la générosité, les sentiments nobles, descendus sur la place publique.