Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/225

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pas me tuer, ni de me faire aucun mal. » Heureusement la vitesse de son cheval et son heureuse étoile sauvèrent le jeune général.

On va voir que la nouvelle manière de faire la guerre, pratiquée par Napoléon, déconcertait tout le monde. À peine la campagne était ouverte, que toute la Lombardie était inondée dans toutes les directions, et qu’on faisait déjà les approches de Mantoue, pêle-mêle au milieu des ennemis. Le général en chef, se trouvant dans les environs de Pizzighitone, rencontra un gros capitaine ou colonel allemand qu’on venait de faire prisonnier. Napoléon eut la fantaisie de le questionner sans en être connu, et lui demanda comment allaient les affaires. « Oh ! très mal, lui dit l’autre ; je ne sais pas comment cela finira, mais on n’y comprend plus rien. On nous a envoyé pour nous combattre un jeune étourneau qui vous attaque à droite, à gauche, par devant, par derrière ; on ne sait plus que faire. Cette manière est insupportable ; aussi, pour ma part, je suis tout consolé d’avoir fini. »

Napoléon disait qu’à la suite d’une de ses grandes affaires d’Italie il tra-