Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/327

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les opérations du général ; il ajouta qu’il avait été témoin de l’évènement de la rue Vivienne, que les commissaires avaient été les plus coupables ; et s’étaient pourtant trouvés au sein de l’assemblée des accusateurs triomphants.

Frappé de ces raisons, mais dans l’impossibilité de destituer les commissaires sans une longue discussion dans l’assemblée, le comité, pour tout concilier, car on n’avait pas de temps à perdre, détermina de prendre le général dans l’assemblée même. Dans cette vue, il proposa Barras à la Convention comme général en chef, et donna le commandement à Napoléon, qui, par là, se trouvait débarrassé des trois commissaires, sans qu’ils eussent à se plaindre.

Aussitôt que Napoléon se trouva chargé du commandement des forces qui devaient protéger l’assemblée, il se transporta dans un des cabinets des Tuileries où était Menou, afin d’obtenir de lui les renseignements nécessaires sur les forces et la position des troupes et celle de l’artillerie. L’armée n’était que de cinq mille hommes de toutes armes, avec quarante pièces de canon, alors aux Sablons, sous la garde de quinze hommes ; il était une heure après minuit. Napoléon expédia aussitôt un chef d’escadron du 21e de chasseurs (Murat), avec trois cents chevaux, pour se rendre, en toute diligence, aux Sablons, et ramener l’artillerie au jardin des Tuileries. Un moment plus tard, il n’était plus temps. Cet officier arrivant à deux heures aux Sablons, s’y trouva avec la tête d’une colonne