Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/337

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mouvement. Il voulait surprendre l’ennemi dès le début de la campagne, et l’étourdir par des succès éclatants et décisifs.

Le quartier-général n’avait jamais quitté Nice depuis le commencement de la guerre : il reçut l’ordre de se rendre à Albenga. Depuis longtemps toutes les administrations se regardaient comme à poste fixe, et s’occupaient bien plus des commodités de la vie que des besoins de l’armée. Le général français passa la revue des troupes et leur dit : « Soldats ! vous êtes nus, mal nourris ; on nous doit beaucoup, on ne peut rien nous donner. Votre patience, le courage que vous montrez au milieu de ces rochers, sont admirables ; mais ils ne vous procurent aucune gloire. Je viens vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde. De riches provinces, de grandes villes seront en notre pouvoir, et là, vous aurez richesses, honneurs et gloire. Soldats d’Italie, manqueriez-vous de courage ? »

Ces discours, un jeune général de vingt-cinq ans, en qui la confiance était déjà grande par les opérations brillantes de Toulon, de Saorgio, de Savone, dirigées par lui les années précédentes, étaient accueillis par de vives acclamations.

En voulant tourner toutes les Alpes et entrer en Italie par le col de Cadibonne, il fallait que toute l’armée se rassemblât sur son extrême droite : opération dangereuse, si les neiges n’eussent pas alors couvert les débouchés des Alpes. Le passage de l’ordre défensif à l’ordre offensif est une