artillerie et sans sa cavalerie. Il ne fut plus douteux que la principale attaque de l’ennemi ne fût par le Montebaldo. Toutes les troupes furent donc dirigées sur le plateau de Rivoli. Le général en chef s’y rendit lui-même à deux heures du matin.
VII. Bataille de Rivoli. — Le temps s’était éclairci, il faisait un clair de lune superbe. Napoléon monta sur différentes hauteurs et observa les diverses lignes des feux ennemis. Elles remplissaient le pays entre l’Adige et le lac de Guarda ; l’atmosphère en était embrasée. On distingua fort bien cinq corps qui paraissaient formés par cinq divisions qui avaient déjà commencé leur mouvement la veille. Les feux des bivouacs annonçaient quarante ou cinquante mille hommes. Les Français devaient être à six heures du matin à Rivoli, avec vingt-deux mille hommes : c’était encore une très grande disproportion ; mais nous avions sur l’ennemi l’avantage d’avoir soixante pièces de canon et plusieurs milliers de chevaux. Il fut évident, par la position des cinq bivouacs ennemis, qu’ils voulaient nous attaquer vers neuf ou dix heures du matin. La colonne de droite, qui était fort éloignée, avait pour but de venir cerner le plateau de Rivoli par derrière : elle ne pouvait être arrivée avant dix heures ; la première division du centre devait avoir la destination d’attaquer notre position de gauche. La seconde, qui était sur la crête supérieure de Montebaldo, près Saint-Marco, avait pour but de s’emparer de la chapelle de Saint-Marco, de descendre par le plateau de Rivoli, et d’ouvrir le chemin à la colonne de gauche, qui avait longé le pied du Montebaldo, et se trouvait bivouaquée au bord du plateau le long de l’Adige, au fond de la vallée. Le cinquième bivouac paraissait une division de réserve : il était en arrière.
Sur ces données, Napoléon établit son plan. Il ordonna à Joubert, qui avait évacué la chapelle Saint-Marco, et qui n’occupait plus le plateau de Rivoli que par une arrière-garde, de reprendre de suite l’offensive ; de se réemparer de la chapelle, et, à l’aube du jour, de pousser la deuxième division du centre de l’ennemi, qui était sur la crête supérieure, aussi loin que possible. Cent Croates, instruits par un prisonnier de l’évacuation de Saint-Marco, venaient d’en prendre possession, lorsque Joubert remonta sur cette chapelle à quatre heures du matin, et reprit sa position en avant.
La fusillade s’engagea avec un régiment de Croates. Au jour, Joubert attaqua la division qui était devant lui, et la poussa de hauteurs en hauteurs sur la crête supérieure de Montebaldo, qui domine la vallée de l’Adige. La première division autrichienne du centre pressa alors sa