Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/106

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L’armée d’Italie, la garde, avec le onzième corps, viennent former la deuxième ligne et les réserves de cavalerie la troisième. Le reste de l’armée étant arrivé, ou près de l’être, Napoléon porte en avant sa première ligne et s’étend en éventail, etc. »

Ici se trouvent les développements de cette célèbre bataille de Wagram, tellement remarquable par les mouvements préparatoires et les grandes manœuvres instantanées qui la rendent une des plus longues qui aient été livrées ; ils remplissent toute une semaine. Cette bataille est encore une des plus mémorables des temps modernes, par les forces qui combattirent de part et d’autre, la réputation des deux généraux opposés, les pertes des deux armées, et son grand résultat, la paix de Vienne. Cet évènement fournit à l’auteur les détails les plus lucides, les réflexions les plus judicieuses. Mais je passerai tout de suite aux premiers résultats de la bataille proprement dite. Elle coûta aux Autrichiens vingt-quatre mille morts ou blessés, et nous laissa vingt mille prisonniers. Toutefois elle fut loin encore de remplir les espérances de Napoléon ; l’armée reprocha à un de ses lieutenants (maréchal Bernadotte), dont elle s’était déjà plainte à Austerlitz, à Iéna, à Than, etc., d’avoir, le 5, attaqué trop tard Wagram ; évacué, le 6, sans combattre, Adercla, tête de notre position, appui des manœuvres de Napoléon, et qui, entre les mains de l’archiduc, devint celui de sa résistance et de ses attaques. Peut-être ce lieutenant de l’Empereur eût-il pu se rejeter sur la mauvaise conduite des troupes étrangères qui lui étaient confiées ; mais loin de là, il se permit même, contre l’usage reçu, une proclamation individuelle dans laquelle il les qualifiait de colonne de granit ; ce qui remplit d’étonnement les autres corps, et porta l’Empereur à le renvoyer en France.

« Napoléon, compagnon et juge des hauts faits de ses braves, leur distribua de nombreuses récompenses. Passant en revue l’armée d’Italie, le lendemain de la bataille, il dit aux soldats : « Vous êtes de braves gens, vous vous êtes tous couverts de gloire ! » Une proclamation témoigna à l’armée la satisfaction de son Empereur, et s’adressa plus particulièrement au génie, à l’artillerie et aux pontonniers, qui, par leurs immenses travaux, avaient préparé tous ces miracles.

« Napoléon fit trois maréchaux sur le champ de bataille : Oudinot, Marmont et Macdonald. Il embrassa ce dernier, délaissé longtemps à cause des dissentiments antérieurs. Le nouveau maréchal, attendri jusqu’aux larmes, s’écria, dans l’effusion de son cœur, qu’il lui vouait