Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/116

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pris du punch. Je suis arrivé tard ; en entrant, il m’a dit de prendre ma part du punch, mais on a fait observer qu’il n’y avait plus de verres, « Oh ! que si, a-t-il dit en me donnant le sien, et il boira, j’en suis sûr… » Puis il a ajouté : « C’est à l’anglaise, n’est-ce pas ? Chez nous on ne boit guère qu’après sa maîtresse. »

Pendant le dîner, on a fait l’observation que c’était la veille du 15 août ; l’Empereur a dit alors : « Demain, en Europe, bien des santés seront portées à Sainte-Hélène. Il est bien quelques sentiments, quelques vœux qui traverseront l’Océan. » Il en avait déjà eu la pensée ce matin durant la course à cheval, et m’avait dit les mêmes choses.

Après le dîner, Cinna : Corneille nous semble divin.


Fête de l’Empereur.


Jeudi 15.

Aujourd’hui 15 août, c’était la fête de l’Empereur ; nous avions projeté de nous présenter tous chez lui vers les onze heures : il nous a déjoués en paraissant gaiement lui-même à nos portes dès neuf heures. Il faisait fort doux, il a gagné le jardin ; chacun s’y est successivement réuni ; le grand maréchal, sa femme, ses enfants sont arrivés. L’Empereur a déjeuné, entouré de tous ses fidèles, sous la grande et belle tente, qui est une véritable et heureuse acquisition. La température était