Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/161

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caporal s’approcha de l’Empereur, et lui dit : « Sire, méfiez-vous du maréchal Soult, soyez certain qu’il nous trahit. – Sois tranquilles, lui répond ce prince, j’en réponds comme de moi. » Au milieu de la bataille, un officier fit le rapport au maréchal Soult que le général Vandamme était passé à l’ennemi, que ses soldats demandaient à grands cris qu’on en instruisît l’Empereur. Sur la fin de la bataille, un dragon, le sabre tout dégouttant de sang, accourut criant : « Sire, venez vite à la division ; le général Dhénin harangue les dragons pour passer à l’ennemi. – L’as-tu entendu ? – Non, Sire ; mais un officier qui vous cherche l’a vu, et m’a chargé de vous le dire. » Pendant ce temps, le brave général Dhénin recevait un boulet de canon qui lui emportait une cuisse, après avoir repoussé une charge ennemie.

« Le 14 au soir, le lieutenant-général B…, le colonel C… et l’officier de l’état-major V…, avaient déserté du 4e et passé à l’ennemi. Leurs noms seront en exécration tant que le peuple français formera une nation. Cette désertion avait fort augmenté l’inquiétude du soldat. Il paraît à peu près constant qu’on a crié sauve qui peut ! à la quatrième division du premier corps, le soir de la bataille de Waterloo, à l’attaque du village de La Haie par le maréchal Blucher. Ce village