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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/286

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tous les faux-fuyants, de l’obscurité fastidieuse dont on cherche à l’entourer, et juger de toute la sincérité, de toute la droiture employées dans cette transaction, renferme l’historien romancier, pour qu’il ne puisse lui échapper, dans le cercle étroit des simples faits, et lui demande :

1° Est-il vrai ou non que, lorsque les envoyés de Napoléon, expédiés au capitaine Maitland pour savoir s’il avait connaissance des sauf-conduits promis pour son passage, et s’il pensait que le gouvernement anglais y mît de l’empêchement, celui-ci ait répondu, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même (page 32 de sa propre Relation), « qu’il ne saurait dire quelles pouvaient être les intentions de son gouvernement, mais qu’il allait en référer à son chef ? » Or il savait déjà officiellement, c’est lui-même qui nous l’apprend encore (pages 18 et 23), « que les saufs-conduits ne seraient point accordés ; qu’il fallait intercepter Napoléon à tout prix ; que de sa captivité dépendait le repos de l’Europe, et qu’il existait des ordres pour disposer de sa personne. » Aussi le capitaine Maitland, dans ses dépêches à son amiral (page 31), convient-il naïvement que ses réponses n’étaient qu’autant de pièges pour retenir Napoléon, et donner le temps à la croisière de recevoir des renforts.

2° Est-il vrai ou non qu’en dépit de ces données positives et officielles, le capitaine Maitland, dissertant avec les envoyés sur la sortie de France de Napoléon, leur ait dit : « Pourquoi ne demanderait-il pas un asile en Angleterre ? » C’est toujours lui qui nous l’apprend (page 36 de sa Relation). Une telle suggestion n’était donc qu’un piège ?

3° Est-il vrai ou non que, lors de la seconde conférence, le capitaine Maitland ait dit au comte de Las Cases que, « conformément à ses ordres, il croyait pouvoir se hasarder à recevoir Napoléon à bord de son vaisseau et le conduire en Angleterre ? » Ce sont encore ses propres aveux (pages 45 et 263). Il est vrai que plus tard, dans sa dépêche officielle, loin de répéter ces mêmes paroles, il dit que, « craignant l’impossibilité d’empêcher de petits bâtiments de gagner la mer, et regardant comme de la plus grande importance d’obtenir possession de la personne de Bonaparte, il s’est laissé persuader d’accéder à la proposition de le recevoir à son bord, et de se rendre avec lui en Angleterre (pages 110 et 111). » Mais comment comprendre et expliquer de pareilles contradictions de la part de cet officier, et comment les croire, si l’on n’avait sa Relation sous les yeux ?

4° Est-il vrai ou non que M. de Las Cases lui ayant demandé s’il pen-