Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/331

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tout de très grand matin, seul, à pied dans les rues, se mêlait aux ouvriers, dont il cherchait à connaître la situation et l’esprit.

Plus d’une fois je l’ai entendu au Conseil d’État recommander au préfet de police d’en faire autant ; c’était ce qu’il appelait la police du cadi, celle qui s’exerce en personne, et qu’il estimait de beaucoup la meilleure.

Napoléon, au retour de la désastreuse campagne de Moscou et de Leipsick, pour maintenir la confiance, affecta de se placer souvent et presque seul au milieu de la multitude. Il parcourait, lui trois ou quatrième, les marchés, les faubourgs et toutes les parties populeuses de la capitale, où il causait familièrement ; et partout il fut bien reçu, bien traité.

Un jour, à la halle, après quelques mois échangés, une femme se hasarda à lui dire qu’il fallait faire la paix. « La bonne, continuez de vendre vos herbes, reprit l’Empereur, et laissez-moi faire ce qui me