Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/350

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À deux journées de Wilna, lorsque l’armée n’avait plus de dangers à courir, Napoléon jugea que l’urgence des circonstances exigeait sa présence à Paris ; là seulement il pouvait en imposer à la Prusse, et à l’Autriche. S’il tardait à s’y rendre, le passage lui serait peut-être fermé. Il laissa l’armée au roi de Naples et au prince de Neufchâtel. La garde était alors entière, et l’armée avait plus de quatre-vingt mille combattants, sans compter le corps du duc de Tarente, qui était sur la Dwina. L’armée russe, tout compris, était réduite à cinquante mille hommes. Les farines, les biscuits, les vins, les viandes, les légumes secs, les fourrages étaient en abondance à Wilna. D’après le rapport de la situation des vivres, présenté à Napoléon à son passage en cette ville, il y restait alors quatre millions de rations de farine, trois millions six cent mille rations de viande, neuf millions de rations de vin et eau-de-vie ; des magasins considérables d’effets, d’habillements et de munitions avaient également été formés. Si Napoléon fût resté à l’armée ou qu’il en eût donné le commandement au prince Eugène, elle n’aurait jamais dépassé Wilna ; un corps de réserve était à Varsovie, un autre à Kœnigsberg ; mais on s’en laissa imposer par quelques cosaques ; on évacua en désordre Wilna dans la nuit. C’est de cette époque surtout que datent les grandes pertes de cette campagne ; et