Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/37

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Et, s’arrêtant sur cette journée du 10 août, il a dit : « Je me trouvais, à cette hideuse époque, à Paris, logé rue du Mail, place des Victoires. Au bruit du tocsin et de la nouvelle qu’on donnait l’assaut aux Tuileries, je courus au Carrousel, chez Fauvelet, frère de Bourienne, qui y tenait un magasin de meubles. Il avait été mon camarade à l’École militaire de Brienne. C’est de cette maison, que, par parenthèse, je n’ai jamais pu retrouver depuis par les grands changements qui s’y sont opérés, que je pus voir à mon aise tous les détails de la journée. Avant d’arriver au Carrousel, j’avais été rencontré dans la rue des Petits-Champs par un groupe d’hommes hideux, promenant une tête au bout d’une pique. Me voyant passablement vêtu, et me trouvant l’air d’un monsieur, ils étaient venus à moi pour me faire crier vive la nation ! ce que je fis sans peine, comme on peut bien le croire.

« Le château se trouvait attaqué par la plus vile canaille. Le roi avait assurément pour sa défense au moins autant de troupes qu’en eut depuis la Convention au 13 vendémiaire, et les ennemis de celle-ci étaient bien autrement disciplinés et redoutables. La plus grande partie de la garde nationale se montra pour le roi : on lui doit cette justice. »

Ici le grand maréchal a observé qu’il était précisément d’un des bataillons qui se montrèrent les plus dévoués. Il avait failli être massacré