Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/381

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avec un capitaine ou lieutenant-colonel du génie qui concourait modestement et obscurément aux fortifications de la place. À quelque temps de là, cet officier reçut, inopinément une lettre d’avancement, sa nomination d’aide de camp de l’Empereur, et l’ordre de se rendre en service aux Tuileries. Le pauvre officier crut rêver, ou ne douta pas qu’on ne se fût trompé. Ses mœurs étaient si innocentes et ses liaisons si restreintes, que, se rappelant m’avoir vu jadis une fois à Anvers, il me prit pour une de ses ressources, et, arrivant à Paris, vint me confier toute son ignorance de la cour et son extrême embarras d’y paraître. Mais il était facile à rassurer ; il y entrait par la belle porte, et s’y présentait avec un bon fonds. Cet officier est le général Bernard, dont cette circonstance mit les talents au grand jour, et qui, lors de nos catastrophes, a été recueilli par les États-Unis, qui l’ont placé à la tête de leurs travaux militaires.

Napoléon accoutumait, du reste, à de pareilles surprises. Partout où il devinait le talent, il s’en saisissait et le mettait à sa place, sans qu’aucunes considérations secondaires l’arrêtassent. C’était là une de ses grandes nuances caractéristiques.

Les travaux en Hollande. – À peine la Hollande fut-elle sous la main de Napoléon, que son ardeur créatrice se porta sur toutes les