Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Napoléon. Et il commanda aussitôt qu’on prît soin de ce jeune homme, qu’on l’habillât et qu’on le transportât à bord du premier croiseur de sa nation, voulant en même temps qu’on lui donnât une petite somme pour sa mère, faisant la remarque qu’elle devait être une bonne mère, puisqu’elle avait un si bon fils. »

N. B. Depuis mon retour en Europe, il a été publié des lettres de Sainte-Hélène, dans lesquelles j’ai retrouvé ces anecdotes presque mot à mot. Cette circonstance et d’autres m’ont fait prendre des renseignements sur cette publication, et ils m’ont mis à même de pouvoir affirmer que, bien qu’elle soit anonyme, elle est de la plus grande authenticité, et mérite toute confiance.

En fait de bienveillance de la part de l’Empereur, exercée envers des Anglais détenus en France, j’ai connu pour mon compte celle dont fut l’objet un M. Manning, fort de ma connaissance à Paris, lequel, s’étant consacré aux voyages dans l’intérêt de la science, n’imagina d’autre moyen pour recouvrer sa liberté, que de s’adresser directement à Napoléon, par la voie d’une simple pétition, lui demandant qu’il lui permît d’aller visiter le plateau Central de l’Asie. Nous lui rîmes au nez dans nos salons, sur sa simplicité ; mais il nous le rendit à son tour, quand, au bout de quelques semaines, il vint triomphant nous apprendre son succès et sa liberté. Je lis dans l’ouvrage du docteur O’Méara, et ce n’est pas une des moindres singularités du hasard, que ce même M. Manning, après plusieurs années de longues pérégrinations, se trouvant, dans son retour en Europe, passer à Sainte-Hélène, y sollicite de tous ses moyens la faveur d’aborder Napoléon pour lui exprimer sa reconnaissance, déposer quelques présents à ses pieds, et répondre aux questions de l’Empereur sur l’existence et les particularités du grand Lama, qu’il avait été visiter par sa faveur particulière.