Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/538

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que vous aurez empirées, car ce sera vous qui m’y retiendrez, ou par vos ordres directs, ou par vos instructions secrètes. On ne saurait lever des scellés qu’en présence de celui qui y est intéressé : me ferez-vous revenir du Cap pour les lever ici ? Me retiendrez-vous au Cap jusqu’à ce que l’ordre vienne de les envoyer en Angleterre ? Où tout cela vous mènera-t-il ? Et il était, et il est encore un moyen si simple qui arrangerait tout ! Mon penchant naturel à aplanir les affaires me faisait courir au-devant de toutes les difficultés, j’obviais à tout, je me soumettais volontairement d’avance, en Angleterre, à toutes les mesures, même arbitraires, qui pourraient équivaloir à la quarantaine du Cap. J’ajoutais encore la raison si valable de la santé de mon fils et de la mienne.

« La crainte de blesser la lettre de quelques points de vos instructions aura été plus forte à vos yeux que la nécessité et le bon droit de céder à leur esprit, à la force des choses, à l’impulsion de l’humanité. Il en est temps encore, Monsieur, rendez-vous à ce que je sollicite ; je croirai que ce dernier sentiment, l’humanité, vous aura décidé, et je croirai vous devoir quelque chose. La double réclamation des papiers par Longwood et par moi ne saurait être une difficulté excusable. On vous demandera : Quels pas avez-vous faits pour la lever ? Voulez-vous que j’écrive moi-même à ce sujet ? trois mots suffiront pour nous mettre indubitablement d’accord.

« Quoi qu’il en soit, Monsieur, à quelque décision que vous vous arrêtiez, quelque peine qui me soit ménagée, il n’en saurait être de comparable à celle de demeurer sur ce roc maudit, lorsque j’y suis séparé de l’objet auguste qui m’y avait attiré. Toute heure, toute minute que j’y passe dans cette situation, sont des années pour ma malheureuse et peut-être courte existence ; elles aggravent dangereusement l’état de mon malheureux fils. Je vous demande donc, et vous le redemanderai sans cesse, à chaque instant, éloignez-moi de ce lieu de souffrance.

« Recevez, etc. »

Le gouverneur, frappé de ma lettre et de ma détermination de ne pas retourner à Longwood, ce qui le contrariait évidemment beaucoup, sans que je pusse en deviner précisément le motif, mais ce qui suffisait pour me maintenir inébranlable, accourut le lendemain ; et, après un long préambule fort obscur sur sa sincérité et ses bonnes intentions, il me dit que pour m’en donner des preuves et faciliter mes rapports avec Longwood, il consentait à y envoyer ma première lettre telle que je