Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/572

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en Angleterre ; il fut tellement affligé de sa défaite, qu’il étudia l’anatomie pour se détruire ; il acheta plusieurs gravures anatomiques du cœur, et les compara avec son propre corps pour s’assurer exactement de la position de cet organe. A son arrivée en France, je lui ordonnai de rester à Rennes. Craignant d’être jugé par un conseil de guerre pour avoir désobéi à mes ordres, et conséquemment pour avoir perdu la flotte (car je lui avais ordonné de ne pas mettre à la voile, et de ne pas s’engager avec les Anglais), il résolut de se donner la mort. En conséquence, il prit ces gravures du cœur, les compara de nouveau avec sa poitrine, fit au centre de la gravure une petite piqûre avec une longue épingle, fixa ensuite cette épingle, autant que possible, à la même place contre sa poitrine, l’enfonça jusqu’à la tête, se perça le cœur, et expira. Lorsqu’on ouvrit sa chambre, on le trouva mort, l’épingle dans la poitrine, et la marque faite dans la gravure correspondant à la blessure de son sein. Il n’aurait pas dû prendre cette résolution extrême : c’était un brave officier, mais sans talent.

« Barré, que vous avez pris sur le Rivoli, était un brave et très-bon officier. Dans l’expédition d’Égypte, après être débarqué, et