Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/576

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dont j’avais à lui expliquer le mécanisme. » Il est inutile, dit Napoléon, de m’envoyer des fusils de chasse lorsque je suis confiné dans un endroit où il n’y a pas de gibier. » Je lui appris que M. Baxter était venu dans l’espoir d’obtenir l’honneur de lui être présenté. Il me pria de l’appeler. En le voyant entrer, il lui dit en souriant : « Eh bien, signor medico, combien avez-vous tué de malades dans votre vie ? » Il s’entretint avec lui pendant près d’une heure.

28. — Hudson Lowe a répandu une proclamation dans laquelle il déclare que toute personne qui entretiendrait quelque correspondance ou relation avec Napoléon Bonaparte, ses officiers ou domestiques, qui en recevrait des lettres ou leur en ferait passer, qui leur ferait, sans l’autorisation du gouverneur, une communication, serait coupable de désobéissance aux actes parlementaires concernant la détention de Napoléon, et serait poursuivie selon toute la rigueur des lois. Il déclarait que quiconque fournirait au susdit Napoléon Bonaparte, ses officiers ou domestiques, de l’argent ou d’autres moyens à l’aide desquels il pourrait s’échapper, serait considéré comme complice de son évasion, et jugé comme tel.

1er juillet. — Une lettre adressée par sir Hudson Lowe au comte Bertrand interdit toute espèce de communication, écrite ou verbale, avec les habitants de l’île, excepté avec ceux qui auraient été préalablement désignés au gouverneur par l’officier d’ordonnance.

Depuis l’arrivée des livres, Napoléon a employé constamment plusieurs heures, chaque jour, à lire, à relever des dates et rassembler d’autres matériaux pour l’histoire de sa vie, à partir de son arrivée en France jusqu’à son retour d’Égypte. Le brouillard, la pluie et les vents qui soufflent continuellement sur l’habitation de Longwood avec toute leur fureur l’empêchent de sortir. Cette résidence est inhabitable. Napoléon exprime de nouveau le désir d’être transféré du côté de l’île qui est plus chaud et défendu contre le vent piquant et continuel du sud-est.

4. — Sir Putney et lady Malcolm ont eu une entrevue de près de deux heures avec Napoléon, qui a paru charmé de ces personnes. Suivant la conversation, il a fourni de longs détails sur la bataille de Waterloo, sur les manœuvres de mer, etc. Les officiers du Newcastle lui ont été présentés. La viande est si détestable, que le capitaine Poppleton l’a renvoyée, et a adressé une plainte au gouverneur.

Les domestiques de Longwood, qui apportaient des provisions au comte Bertrand, ont été arrêtés par des sentinelles ; on leur refuse