Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/598

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restées ; elles savaient qu’à Berlin et à Vienne il n’avait été fait aucune insulte aux habitants. Tout le monde comptait sur une prompte paix. Nous espérions jouir de nous-mêmes dans des quartiers d’hiver, avec tout espoir de succès au printemps. Deux jours après notre arrivée, l’incendie fut découvert. Il ne paraissait pas d’abord être alarmant, et l’on pensait qu’il pouvait avoir été causé par des soldats, en allumant leurs feux trop près des maisons, qui étaient presque toutes en bois. Je donnai des ordres extrêmement sévères à ce sujet aux commandants des régiments. Le lendemain le feu s’était accru, pas pourtant de manière à donner de sérieuses craintes. Cependant, craignant qu’il ne vint jusqu’à nous, je sortis à cheval et donnai tous les ordres possibles pour l’éteindre. Le jour suivant, un vent violent s’étant élevé, l’incendie se propagea avec la plus grande rapidité. Des centaines de misérables se dispersèrent dans différents quartiers de la ville, et, au moyen de mèches qu’ils cachaient sous leurs manteaux, mirent le feu aux maisons qui se trouvaient sous le vent ; l’incendie trouvait des aliments dans les matières combustibles qui formaient leur bâtisse. Cette circonstance, jointe à la violence du vent, rendit inutiles tous les efforts pour éteindre le feu. Moi-même j’eus peine à en sortir en vie. Je donnai l’exemple ; je m’exposai au milieu des flammes, et j’eus les cheveux et les