Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/695

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« Après la prise de Vienne, une princesse autrichienne se passionna pour moi. Elle accourut à Schœnbrunn et demanda instamment à me parler. Murat devina sa pensée ; comme il était un très-beau garçon, il essaya de changer l’objet de ses desseins, mais elle le repoussa avec vivacité. On la fit entrer ; je me présentai à elle comme étant le maréchal Duroc. Elle parlait assez mal le français et l’italien, et, de mon côté, je n’entendais pas l’allemand. Je lui dis de ne point parler si haut, parce que l’Empereur était là, et je montrais Duroc que je voulais faire passer pour moi ; mais elle m’avait vu, et elle s’écria : — Non, non ! vous, vous l’Empereur ! — Elle était très-jolie.

« Lord Castlereagh a dit, m’assure-t-on, dans la chambre des commumes, que j’avais fait dresser une liste des plus riches héritières de France, que je les mariais, bon gré, mal gré, à mes officiers. Quels plats mensonges ! Une fois j’ai désiré vivement le mariage de Caulaincourt, un de mes officiers les plus aimés, avec mademoiselle ***, fille d’un banquier, immensément riche ; eh bien ! elle lui a été refusée nettement. »

Napotéon s’est montré dans la galerie de Longwood. Le gouverneur en conclut qu’il n’est pas malade ; il m’a fatigué de questions ridicules.