Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/744

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Deux chétives croisées éclairaient la pièce ; l’une et l’autre étaient sans décoration. Entre les deux était le secrétaire, chargé du grand nécessaire, avec une chaise à bras dont Napoléon se servait quand il se mettait au travail ou sortait du bain. La gauche en était garnie par une seconde chaise, et la droite par une épée : c’était celle que l’Empereur portail à Austerlitz. La porte qui ouvrait sur la salle de bain était masquée par un mauvais paravent à la suite duquel était un vieux sofa recouvert de calicot. C’était sur ce triste meuble que Napoléon reposait habituellement. Il passait les extrémités inférieures dans un sac de flanelle. Il faisait placer son déjeuner, ses livres sur une mauvaise table, et tâchait de se mettre ainsi à l’abri des cousins et de l’humidité. La seconde pièce n’était pas moins bien. Construite comme la première d’un peu d’eau et de boue, elle avait sept pieds de haut, quinze de long et douze de large. Elle avait une croisée, débouchait au jardin et communiquait avec la salle à manger. Un lit de campagne, un grand fauteuil, plusieurs fusils, deux paravents de la Chine, une commode, deux petites tables, dont l’une servait à déposer des livres et l’autre était chargée de bouteilles, composaient, avec une chaise et un magnifique lavabo apporté de l’Élysée, tout le mobilier dont elle était garnie. C’est dans cette affreuse chaumière qu’était relégué l’Empereur ; c’était là la somptuosité anglaise, la magnificence britannique.