Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/750

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quelques jours qu’ils ne l’avaient vu ; ils accourent pleins de joie. Aussitot les jeux commencent, ils folâtrent autour de lui ; ils le prennent pour arbitre de leurs discussions. « N’est-ce pas, Sire, que mon bilboquel va mieux ? — Non, c’est le mien. — C’est le mien, répondait un troisième ; je m’en rapporte à vous, que Votre Majesté décide. « L’Empereur décidait, riait, et le charivari d’aller. « Vous êtes trop bruyants, je ne vous garde pas à diner. — Si ! si ! nous ne ferons plus de tapage. » Ils en firent moins. Napoléon les retint, plaça la petite Hortense à côté de lui, et fit servir ; mais l’appétit satisfait, la discussion se renouvela ; chacun prétendait avoir été plus adroit. L’Empereur fut encore juge du camp, et interpellé. « N’est-il pas vrai, Sire ? — Vous l’avez vu, n’est-ce pas ? » Napoléon, abasourdi, ne savait à qui répondre, et riait d’autant plus. « Taisez-vous, leur dit-il, vous êtes de petits bavards. — C’est juste, tais-toi, tu fais trop de bruit. » Et tous de recommencer en s’accusant mutuellement de trop crier, jusqu’à ce qu’enfin on desservît et qu’il les renvoyât. « Vous nous ferez appeler demain, n’est-ce pas, Sire ? — Vous aimez donc bien à jouer avec moi ? — Oui ! oui ! s’écriaient-ils. — Comme ils sont heureux ! tous leurs vœux son satisfaits. Les passions n’ont pas encore effleuré leur âme, ils goûtent