Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/762

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Aussitot que j’eus rejoint ma réserve, forte de six mille hommes avec quinze pièces, le canon, sons les ordres de Desaix, qui était alors mon ancre de salut, par une manœuvre rapide, je déployai toutes mes forces, je formai avec mon armée les deux ailes de l’armée de Desaix, et j’opposai à l’ennemi six mille hommes de troupes fraiehes. Une vigoureuse décharge d’artillerie et une charge désespérée à la baïonnette enfoncèrent leur ligne et coupèrent les deux ailes ; j’ordonnai alors à Kellermann d’attaquer avec huit cents cavaliers, il s’ébranla et sépara avec ces huit cents hommes les six mille grenadiers hongrois du reste de l’armée, sous les yeux même de la cavalerie autrichienne ; mais celle-ci était à une demi-lieue ; il lui fallait un quart d’heure pour arriver, et j’ai remarqué que ce sont toujours ces quarts d’heure qui décident du sort des batailles. Les troupes de Kellermann jetèrent les grenadiers hongrois sur notre infanterie, ils furent aussitôt faits prisonniers. La cavalerie autrichienne arriva ; mais notre infanterie était en ligne, son artillerie en tête. Une décharge épouvantable, une barrière de baïonnettes, la firent rétrograder ; elle se retira un peu en désordre, je la poursuivis avec trois régiments qui venaient