Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/787

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sardèrent plus. « Vous le voyez, ce n’est pas le seul instinct qui les fait agir ; elles offrent à l’homme un exemple digne d’être médité. Ce n’est qu’à force de constance qu’on arrive, de ténacité qu’on touche au but. Si nous avions eu cette unanimité de vues !… Mais les nations ont aussi leurs moments d’oubli, de lassitude ; il faut faire la part de l’humanité ; et puis tout n’avait pas plié sous l’orage. Si le héros de Castiglione était éteint, Gérard, Clausel, Belliard, Lamarque, Foy, une foule d’autres conservaient l’énergie du début. L’Europe était battue, et les souverains, si fiers aujourd’hui de n’avoir plus pour égal un homme populaire, s’éclipsaient devant moi. » Il se mit alors à discourir sur les dogmes nouveaux qu’ils cherchent à défendre, et les droits mystiques dont ils s’appuient. « Quelles prétentions bizarres ! quelles contradictions ! Cette légitimité est-elle en harmonie avec les Écritures, les lois, les maximes de la religion ? Les peuples sont-ils assez simples pour se croire la propriété d’une famille ? David, qui détrôna Saül, était-il légitime ? Avait-il d’autres titres que l’aveu de sa nation ? En France, diverses familles se sont succédé au trône, et ont formé plusieurs dynasties, soit par la volonté ou le consentement