Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/853

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Nous étions accablés, nous nous retirions lorsque Hudson nous rejoignit. Toujours humain, compatissant et vrai, il déplora la perte que nous avions faite, et nous annonça qu’elle était d’autant plus fâcheuse que son gouvernement revenait à bien. Il l’avait chargé de faire connaître au général Bonaparte que l’instant approchait où la liberté pourrail lui être rendue, et que Sa Majesté Britannique ne serait pas la dernière à accélérer le terme de sa captivité. Il est mort, tout est fini ; nous lui rendrons demain les derniers devoirs. Les troupes ont ordre de prendre le deuil et les armes dès la pointe du jour.

8. — Elles les prirent en effet ; le gouverneur arriva, le contre-amiral suivit, et bientôt toutes les autorités civiles et militaires se trouvèrent réunies à Longwood. La journée était magnifique, la population couvrait les avenues, la musique couronnait les hauteurs : jamais spectacle aussi triste, aussi solennel n’avait été étalé dans ces lieux. Midi et demi sonne, les grenadiers saisissent le cercueil, le soulèvent avec peine, et parviennent cependant, a force de constance et d’efforts, à le transporter dans la grande allée du jardin, où les attend le corbillard. Ils le placent sur le char, le couvrent d’un drap de velours violet et du manteau que Napoléon portait à Marengo. La maison de l’Empereur est en deuil. Le cortége se range conformément au programme arrêté par le gouverneur, et se met en marche dans l’ordre qui suit :