Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/886

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pour toucher à Cadix, premier point de halte. Le 16 au soir, on aperçut les feu-x de la ville ; on courut des bords toute la nuit, et le 17 au matin, le brick français le Voltigeur, alors en station, saluait le drapeau de la mission, devant Cadix, de vingt-un coups de canon. La marée, la veille, n’avait pas permis d’entrer ; l’eau manquait. Au lever du jour, Cadix aux maisons blanches offrit un admirable spectacle ; on eût dit, non plus d’une vieille ville, l’antique Gadès, mais d’une ville de vingt ans, décorée par tous les caprices de la jeunesse, de l’art et du goût. Cadix, âgée de trente siècles, n’a pas vieilli ; ses molles brises caressent doucement le voyageur ; on dirait que c’est votre vingtième année qui vous revient avec un sourire. Cadix est la ville de la fête éternelle ; rien de pittoresque comme sa construction, ses rues étroites, sa propreté recherchée, ses trottoirs en miniature, ses terrasses, ses profusions de jalousies grillées, jaunes, vertes, bleues, qu’enlacent et traversent tant d’arbustes odorants, ses églises si riches et si antiques, ses vastes couvents, ses images de la Vierge, ses mendiants, ses belles dames andalouses à riches mantilles. Les promenades de l’Almeyda composent un panorama plein de charmes, qui réunit aux traits indigènes ceux de Séville et de toute l’Andalousie. La frégate et la chapelle reçurent un grand nombre de visiteurs ; tous voulurent toucher le cercueil