Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/891

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muette contemplation. On était enfin arrivé devant la dernière trace de tant de puissance et de gloire. Là reposait celui qui avait été l’Empereur ; là il attendait patiemment comme fait Dieu, comme font tous les hommes immortels qui ont sonné l’heure de la justice des peuples. Grand homme que le monde ne pouvait pas contenir, et qui tient si peu de place à cette ombre, au murmure de la fontaine, sous ce ciel bleu, à côté de cette mer !

L’homme dont les Anglais avaient jeté le cadavre dans ce trou funeste, avait été leur maître comme capitaine, comme législateur, comme tête couronnée ; à l’aspect de ce néant et de cette gloire, on peut se faire une idée des impressions et des sentiments qui devaient traverser l'âme des assistants. Les tout petits saules qui entouraient les saules contemporains de l’Empereur avaient été plantés, depuis sa mort, par une gracieuse et bienveillante Anglaise, épouse du brigadier-général Charles Dallas, dernier gouverneur de l’île ; le gazon était très-touffu ; un grillage on bois peu élevé entourait le tombeau d’une enceinte irrégulière d’environ 70 à 80 pieds de diamètre ; la grille était surmontée de fers de lance et de pommes aux quatre coins ; on remar-