Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/894

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d’Europe. M. de Las-Cases retrouva un vieil arbre sur lequel l’Empereur s’était appuyé au moment où il recevait des oranges, fort rares dans l’île, que lui adressait lady Malcolm. On parlait de la France, et Napoléon dit : « Cette France, vous la reverrez, vous, mes chers amis ; mais, moi… » A l’extérieur des anciennes limites, on se montra un endroit où l’Empereur, se promenant en calèche avec lady Malcolm. manqua de disparaître dans un précipice. Il avait dit aussitôt, avec un vif intérêt : « J’allais vous porter malheur, Madame ; peu s’en est fallu que nous ne roulions dans le précipice. — Vous devez dire bonheur, Sire, puisque vous m’auriez immortalisée. » Une autre fois, toujours près des mêmes limites, un jeune officier anglais, d’un beau nom, Fitzgerald, doué d’une vive imagination, apercevant de loin Napoléon qui venait au galop, fit présenter les armes et battre aux champs. Comme l’Empereur lui rendait son salut avec quelques mots bienveillants, l’officier s’écria : « Oui, oui, monsieur l’Empereur, nous vous saluons ! » Noble jeune homme ! il fit l’aumône d’un salut militaire à celui devant qui s’inclinaient les drapeaux et les armées ! Mais rentrons dans notre récit.

Toute la nuit du mercredi au jeudi fut remplie par les intéressants préparatifs de l’exhumation, que l’on supposait devoir être difficile. Comme nous l’avons dit, on avait apporté de Paris deux cercueils et un poêle impérial. Le premier cercueil. d’une forme simple et sévère, rappelle les sarcophages antiques. Sa longueur est de deux mètres cinquante-six centimètres, sa largeur d’un mètre cinq centimètres, sa hauteur totale de soixante-seize centimètres. Il est en bois d’ébène massif, d’un poli si brillant qu’il imite le marbre. On lit sur la face supérieure un seul mot en lettres d’or : Napoléon. Chacune des faces