Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/921

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inespérée à son lit de mort, la foule immense qui s’était portée autour de ce monument, et qu’augmentait de minute en minute la grandeur de l’émotion et du spectacle, a fait un instant irruption dans le convoi ; mais l’ordre a été immédiatement rétabli.

A une heure et demie le cortége débouchait sur la place de la Concorde aux cris de Vive l’Empereur ! poussés par un million de voix ; et ces cris étaient répétés par toutes les légions de la garde nationale.

Le canon faisait retentir les voûtes de l’Hôtel des Invalides. Le char funèbre s’avançait au milieu de sa magnifique esplanade, entre deux rangs de statues qui semblaient attendre le héros dans une immobilité respectueuse, le long des immenses estrades toutes chargées de spectateurs, sous un ciel brillant de tout l’éclat d’un beau jour.

Il était deux heures ; le char s’est arrêté devant la grille principale.

À cette grille, une tenture noire, rehaussée d’ornements d’argent et d’or, était soutenue par deux colonnes triomphales et par de nombreux faisceaux de lances enrubannées ; les colonnes portant de grands trépieds, et servant d’appui à droite et à gauche à deux tribunes réservées