Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/939

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chirurgien, un exprès fut alors envoyé à Son Excellence le gouverneur pour l’informer des progrès de l’opération, et le cercueil a été retiré avec des crochets et des bricoles, et transporté avec, soin sous une tente dressée pour le recevoir. À ce moment, monsieur l’aumônier a fait la levée du corps, conformément aux rites de l’église catholique.

« Les soussignés commissaires sont ensuite descendus dans le sarcophage, qu’ils ont reconnu être dans un état parfait de conservation, et entièrement conforme aux descriptions officielles de la sépulture.

« Vers onze heures, le soussigné commissaire français s’était assuré préalablement que Son Excellence le gouverneur avait autorisé l’ouverture des cercueils de l’Empereur. Conformément à des arrangements déjà arrêtés à l’avance, nous avons fait enlever avec précaution le premier cercueil, dans lequel nous avons trouvé un cercueil de plomb en bon état, que nous avons fait placer dans celui qui était envoyé de France. Son Excellence le gouverneur, accompagné de son état-major, le lieutenant Middlemore, aide-de-camp et secrétaire militaire, et le capitaine Barnes, major de la place, est entré dans la tente pour être présent à l’ouverture des cercueils intérieurs. On a coupé alors et soulevé avec le plus grand soin la partie supérieure du cercueil de plomb, dans lequel on a trouvé un nouveau cercueil de bois, lui-même en très-bon état, et répondant aux descriptions et aux souvenirs des personnes présentes qui avaient assisté à la sépulture. Le couvercle du troisième cercueil ayant été enlevé, il s’est présenté une garniture de fer-blanc légèrement oxydée, laquelle, ayant été coupée et retirée, a laissé voir un drap de satin blanc ; ce drap a été soulevé avec la plus grande précaution par les mains seules du docteur, et le corps entier de Napoléon a paru. Les traits avaient assez peu souffert pour être immédiatement reconnus. Les divers objets déposés dans le cercueil ont été remarqués dans la position exacte où ils avaient été placés, les mains singulièrement bien conservées, l’uniforme, les ordres, le chapeau, fort peu altérés ; toute la personne, enfin, semblait attester une inhumation récente. Le corps n’est resté exposé à l’air que pendant les deux minutes au plus nécessaires au chirurgien pour prendre les mesures prescrites par ses instructions, à l’effet de le préserver de toute altération ultérieure.

« Le cercueil en fer-blanc et le premier cercueil en bois ont été immédiatement refermés, ainsi que le cercueil en plomb ; celui-ci a été ressoudé avec le plus grand soin sous la direction de M. le docteur Gaillard, et fortement fixé par des coins dans le nouveau cercueil de