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Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/172

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Cet exemple, qui appartient à un ordre de choses tout à fait différent, ne prouve pas ce que vous voudriez, il ne prouve que votre ignorance absolue de la matière économique. Tous les objets, selon Ricardo[1], se divisent, relativement à leur prix, en deux genres : en objets dont la quantité peut être multipliée à volonté, et en objets peu nombreux, qui ne peuvent pas être augmentés à volonté.

C’est le rapport de l'offre et de la demande qui détermine d’abord le prix courant des objets du premier genre ; mais comme l'offre peut être multipliée à volonté, le prix de ces objets se détermine en dernière instance par leurs frais de production.

Les objets du second genre, ceux qui ne peuvent pas être multipliés à volonté, ont un prix de monopole, c’est-à-dire ils dépendent uniquement de leur nombre, et, en raison de la demande qui en est faite, ont un prix déterminé, qui peut être augmenté indéfiniment, comme, par exemple, les œuvres de génie. Les tableaux de Raphaël sont des objets qu’on ne saurait multiplier à volonté, même en y consacrant tout le capital et tout le travail possibles.

C’est pourquoi leur prix peut monter à 30 000, 50 000, 100 000 thalers. Il en est de même de vins très rares qui ne réussissent que dans des contrées particulières, par exemple, les vins du Clos-Vougeot. Ici le prix est exclusivement prix de monopole, et il ne se détermine, comme c’est d’ailleurs le cas dans tous les monopoles, que par le rapport du nombre des tableaux de Raphaël, etc., et du nombre des acheteurs capables de payer les prix mentionnés.

  1. Ricardo, Principl. of polit, econ., t. I, p. 4, éd. Constancio.