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cialiste de Düsseldorf, ce qui lui valut 6 mois de prison. Il prit part à la rédaction de la Nouvelle gazette rhénane avec Marx, Wolff, Engels, Freiligrath, etc. ; toutefois il ne partagea pas l’exil de ses coreligionnaires, quand le prince royal (l’impérial Guillaume actuel) eut bien vaincu par le fer et par le feu tous les ferments libéraux et démocratiques qui agitaient l’Allemagne et remis la Prusse à l’unisson de la réaction européenne.

Lassalle laissa l’agitation pour l’étude. En 1857 il publia son Héraclite qui fut favorablement accueilli par le public philosophique. Deux ans après, à propos de la guerre d’Italie, il publia : La guerre italienne et la tâche incombant à la Prusse, où il proposait à la Prusse de s’allier à la France pour réaliser d’un coup l’unité italienne et l’unité allemande. Mais il ne s’arrêta pas longtemps à la politique pure. Nous l’avons déjà vu socialiste en 1848 ; mais plus philosophe qu’économiste, il n’avait pas encore abordé de front l’économie sociale.

Marx venait de publier (Hambourg 1859) sa Critique de l’économie politique, ou le célèbre socialiste passait pour la première fois la pensée de la société bourgeoise au crible de sa terrible et savante critique. Ce livre fut, paraît-il, comme une révélation pour Lassalle, il lui donna la clef des choses économiques, le jeune philosophe allait faire le reste.

En 1861 il publia les Droits acquis, œuvre, importante dans laquelle il se prononça pour l’abolition de l’héritage et la propriété collective. Peu après, il publiait un programme des Travailleurs qui est un chef-d’œuvre de clarté, d’éloquence et de compréhension historique[1]. Ge petit livre aurait

  1. L’Arbeiterprogramm a été résumé dans l’Histoire du socialisme par B. Malon (p. 434-442).