Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rique ne saurait faire davantage ; mais, ce que je n’espère pas du tout, c’est que ce livre gagne, à mes idées, la bourgeoisie en tant que classe.

Élever une classe au-dessus de ses intérêts réels ou imaginaires, c’est ce qu’une œuvre théorique ne saurait accomplir.

Toutefois, j’espère que cet ouvrage produira aussi un effet sur la bourgeoisie allemande considérée comme classe. L’effet de la honte causée par la nullité absolue et l’incapacité du Mob à l’esprit étroit qu’elle a proclamé son héros, le couronnant de lauriers et poussant des cris d’allégresse, et tout cela sur l’autorité de la Zeitungsgeschwister (camaraderie journaliste), comme dit Gœthe ! En effet, personne, parmi les bourgeois, même peu instruits, ne pourra lire ces pages sans sentir une rougeur brûlante couvrir son front, grâce à la position archicomique que prend sur le théâtre du monde un parti qui s’érige si volontiers en monde et qui a pour meneurs et héros, et en même temps pour expression de son point de vue intellectuel général comme classe, des intelligences si horriblement infirmes. Peut-être commencera-t-elle à voir plus clairement les résultats nécessairement pitoyables qui résultent de toutes les luttes pratiques et politiques. En Allemagne, moins que dans tout autre pays, et par suite de nos bonnes traditions, on pardonne ce rapetissement intellectuel ; mais c’est encore en Allemagne que cette infirmité intellectuelle est de beaucoup plus forte. C’est la destinée spéciale de l’Allemagne que la bourgeoisie y aspire au faîte de la puissance, au moment où sa décomposition se produit par suite du développement général, contrairement à la bourgeoisie de France et d’Angleterre.

La période, soi-disant bourgeoise, et je dirai,