Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/319

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dans ce sens l’initiative du gouvernement. Une grande campagne dans l’intérieur du pays, avec des outils au lieu d’armes, comme ces campagnes des Romains et des Égyptiens dans le but de creuser des canaux, dessécher les marais Pontins, leur parut le moyen le plus recommandable pour une république parvenue à la paix, et qui, tout en voulant défendre et secourir le prolétaire, voulait aussi sauver la propriété. C’était l’idée des États généraux. Un grand ministère de travaux publics devait inaugurer l’ère d’une situation conforme à la politique. Ce fut une des grandes fautes du gouvernement d’avoir tardé à réaliser ces idées. Tandis qu’il tardait, les ateliers nationaux, grossis par la misère et l’oisiveté, devenaient de jour en jour plus indolents, plus stériles et menaçants pour la tranquillité publique. En ce moment ils ne l’étaient pas encore. Ils n’étaient qu’un expédient pour le maintien de l’ordre public, et une première ébauche d’assistance publique, imposée après la révolution par la nécessité du jour de nourrir le peuple, — mais non pas le peuple oisif, — autant que pour éviter les désordres que l’oisiveté entraîne à sa suite. M. Marie les organisa avec intelligence, mais sans utilité pour le travail productif. Il les partagea en brigades, leur donna des chefs, y introduisit un esprit d’ordre et de discipline et en fit, pendant quatre mois, au lieu d’une force entre les mains des socialistes, en cas de révolte, une armée prétorienne, mais oisive dans les mains du pouvoir. Commandés, dirigés et entretenus par des chefs influencés par les idées secrètes du parti anti-socialiste du gouvernement ; les ateliers nationaux, jusqu’à l’avènement de l’Assemblée nationale, contre-balançaient l’influence des ouvriers sectaires du Luxembourg (partisans de Louis