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Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/63

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la première pierre venue pour en tirer de l’or et des diamants ; il y eut même des spéculateurs qui allèrent jusqu’à envoyer des patins à Rio-Janeiro. »

Toute l’histoire de l’industrie européenne dans ce siècle n’est qu’une repétition continuelle de spéculations extravagantes, de surexcitation fébrile de crédit, provenant de l’ignorance des faits, de surabondance effrénée de production basée sur ce crédit et des crises qui en résultent ; de baisses de prix de marchandises beaucoup au-dessous des frais de leur production, de diminution de travail et de chômages plus ou moins longs, plus ou moins continus. Vous trouverez des exemples de tout cela dans la célèbre et classique Histoire des prix de 1793-1857, par Th. Tooke.

Ainsi le dos des travailleurs est le neutre tapis vert sur lequel les entrepreneurs et les spéculateurs jouent à ce jeu de hasard qui est devenu ce qu’on appelle aujourd’hui la production. Le dos des travailleurs est le tapis vert sur lequel ces messieurs encaissent les monceaux d’or que leur envoie le coup de roulette favorable, et sur lequel ils se consolent du coup défavorable par l’espérance de meilleures chances à venir.

C’est le travailleur qui paye par la réduction de son salaire, par le sacrifice d’épargnes péniblement amassées, par le manque de travail et, par conséquent, par la perte de ses moyens d’existence ; c’est lui qui paye les insuccès inévitables de ce jeu des seigneurs du travail et des spéculateurs, bien qu’il ne soit pour rien dans leurs fausses spéculations, dans leurs faux calculs ni dans leur avidité, et bien qu’il n’ait aucune part aux heureux résultats. Et vous appelez tout cela même sans avoir le moindre soupçon de l'existence des liens sociaux et spéculant