Giersdorf, produit avant tout le coton filé pour son propre usage. L’excédant que ces filles ne peuvent plus convertir en bas et en camisoles de nuit, il l’échange.
M. Borsig produit les machines avant tout pour l’usage de sa famille. Il vend ensuite les machines superflues. Les magasins d’habits de deuil travaillent avant tout dans la prévoyance des cas de mort dans leurs propres familles, et comme ces cas sont rares, ils échangent les restes de leurs étoffes de deuil.
M. Wolff[1], le propriétaire du bureau du télégraphe d’ici, fait venir les dépêches avant tout pour son plaisir et son instruction. Ensuite, après en avoir suffisamment joui, il les échange avec les loups-cerviers de la bourse et avec la rédaction des journaux contre leurs correspondances et leurs actions superflues !
Je descends d’une famille de négociants en gros, monsieur Schulze. Quand je n’étais qu’un garçon de dix ans, je ne pouvais pas comprendre pourquoi ma mère et ma sœur, lorsqu’elles voulaient avoir des robes de soie, allaient dans la boutique d’un marchand en détail, où elles achetaient, naturellement beaucoup plus cher, ces mêmes étoffes qui se trouvaient en masse dans le magasin de mon père. À douze ans, j’en avais déjà compris la raison pratique, qui m’avait tant intrigué d’abord. Mon père vendait des étoffes en gros, c’est pourquoi il lui était bien plus désavantageux de couper par complaisance de famille une robe d’une pièce d’étoffe en soie que de payer au vendeur en détail tout le surplus possible. En même temps, ma mère et ma sœur avaient l’avantage de trouver chez le
- ↑ Ce nom propre signifie aussi loup.