Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/206

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doit être, au point de vue politique, le programme du parti ouvrier.

La conduite que ce parti ouvrier doit observer vis-à-vis des progressistes allemands va de soi.

Sentir toujours que l’on est un parti indépendant, distinct des progressistes, et se constituer sur cette base ; soutenir en même temps le parti progressiste sur les points et dans les questions où l’intérêt est commun, lui tourner le dos avec décision et s’élever contre lui aussi souvent qu’il s’écarte de cet intérêt ; forcer par cette attitude le parti progressiste ou bien à aller de l’avant et à dépasser son propre niveau, ou bien à s’enfoncer toujours plus profondément dans le marais de l’impuissance et de l’insignifiance, telle est la tactique simple qui s’impose au parti ouvrier allemand.

Nous en avons assez dit sur votre devoir politique.

Passons maintenant à la question sociale que vous posez et qui, avec raison, vous intéresse à un degré supérieur encore.

Je n’ai pu réprimer le sourire le plus douloureux en apprenant par les feuilles publiques que les débats sur la liberté du domicile et sur la liberté du commerce devaient former une partie de l’ordre du jour projeté pour votre congrès.

Comment, Messieurs, vous vouliez discuter sur la liberté du domicile.

Je ne vous répondrai qu’en vous renvoyant au distique de Schiller :

« Depuis des années déjà je me sers de mon nez pour sentir.

Mais ai-je bien sur lui un droit démontrable ? »