Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est bien préférable d’abandonner cette tâche si restreinte et si secondaire aux associations, aux organisations locales qui la rempliront beaucoup mieux.

Ou bien voulez-vous, au contraire, améliorer la situation normale de toute la classe ouvrière, voulez-vous l’élever au-dessus de son niveau actuel ?

Certes, tel est, tel doit être votre but. Mais il suffit de la ligne de démarcation bien nette que j’ai tracée entre ces deux objets, que l’on ne doit jamais confondre, pour vous montrer mieux que par un long développement combien ces institutions sont impuissantes, combien peu elles correspondent à l’extension du mouvement ouvrier.

Permettez-moi d’apporter un seul témoignage à l’appui de ma thèse, l’aveu du professeur Huber, qui rigoureusement conservateur et royaliste, a consacré ses études à la question sociale et au développement du mouvement ouvrier.

J’aime à invoquer le témoignage de cet homme — et je le ferai encore à plusieurs reprises au cours de cette lettre — parce qu’au point de vue politique, il partage des opinions complètement opposées aux miennes, et qu’au point de vue économique il professe des idées absolument différentes. Son témoignage ne permettra de supposer en aucune façon que le peu de valeur que j’accorde à ces institutions n’est que la conséquence de tendances politiques préconçues. D’un autre côté, le professeur Huber, également éloigné du libéralisme et de mes opinions, possède par là même l’indépendance nécessaire pour faire, sur le terrain de l’économie politique, des aveux conformes à la vérité. Tous les partisans de l’école libérale, sont obligés, au contraire, de tromper les ouvriers, ou, pour mieux y