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Page:Lasserre - La Morale de Nietzsche.djvu/46

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PIERRE LASSERRE

qui peut seule détruire chez nous la détestable germanophilie intellectuelle.

Le cas de Nietzsche est différent. Et loin que le patriotisme français dût le maudire, il y aurait tout lieu, au contraire, de faire une place à part à l’Allemand qui a professé le goût le plus passionné pour l’esprit, la civilisation, la littérature et les mœurs de la France. Nietzsche a été bien plus loin que Gœthe, dans son estime pour la culture classique et française. Il l’a défendue avec éclat, avec une verve et une pénétration admirable, contre les prétentions de la fausse culture de l’Allemagne. Il nous a, dans l’ordre des lettres et des arts, restitué nos titres, oubliés, méconnus, incompris par tant d’entre nous. Il était merveilleusement familier avec notre littérature et il y trouvait la véritable famille de son esprit. Je pourrais citer en exemple bien des œuvres françaises récentes, œuvres d’excellents Français d’ailleurs qui, comparativement aux œuvres de Nietzsche, sont d’un goût tout boche et des centaines de pages de Nietzsche d’une finesse et d’une acuité toute française. Il suffit de feuilleter ses livres pour s’en convaincre.

Que cet ensemble de pages rayonnantes voisine avec des violences et des truculences, des frénésies