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VI

La morale des maîtres est positive et créatrice. Elle fonde les civilisations. La morale des esclaves est négative et subversive. Elle est le principal agent et le grand symptôme des décadences. Nous allons les montrer l’une, et l’autre à l’œuvre.


La morale des maîtres se présente sous deux aspects bien différents selon qu’on la considère dans un âge barbare ou dans un âge poli. C’est dans le premier cas qu’elle est le plus forte, mais aussi le moins intéressante. Moins des hommes sont complexes, plus il est facile de les discipliner, de concentrer leurs énergies en quelques vertus simples et vigoureuses. On pourrait dire que le fonds d’une morale barbare, c’est l’énergie brute, l’énergie pour elle-même.

Mais, à mesure que le développement de la sécurité, du bien-être et des plaisirs, le progrès des connaissances et des arts, une expérience trop