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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/113

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


Cette « souffrance » expire dans la « résolution » de la dissonance. Il en résulte bien que la consonnance est de la nature même du beau. Car Nietzsche définit le beau « négation de la souffrance[1] », ce qui revient, d’après sa philosophie, à le définir négation de la réalité. Le beau est le caractère d’une « apparence » que nous composons conformément à notre rêve de grâce, d’harmonie, de perfection, d’éternité. Les arts qui ont le beau pour objet et pour fin sont les « arts de l’apparence ». Mais, nous le savons, la musique s’oppose par sa nature à tous les arts de l’apparence. Elle est l’expression du réel en soi. Elle traduit le sentiment exalté du devenir universel et la volupté de ce sentiment. Que s’ensuit-il ? Qu’un élément de beauté, s’il existe dans la musique, n’y saurait apparaître qu’à titre secondaire et subordonné, que la consonnance ne doit intervenir que comme ornement dans une trame harmonique dont la dissonance est la véritable substance, le véri-

  1. T. IX, p. 201.