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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE

En imaginant que la musique « puisse acquérir les propriétés d’un art de l’apparence », il contredit au principe par lui adopté jusqu’ici, d’après lequel la musique « ne doit pas être appréciée d’après la catégorie du beau ». Le seul but des « arts de l’apparence », n’est-ce pas, en effet, la « création des belles formes » ?

On peut également s’étonner qu’il paraisse borner à l’imitation des manifestations motrices du sentiment le champ de l’invention rythmique. Le rythme n’est-il pas par excellence le domaine de la libre invention musicale ?

Enfin la signification plus spécifiquement métaphysique, c’est-à-dire musicale, qu’il attribue à l’harmonie, semble bien accorder à celle-ci la prépondérance sur les autres éléments de l’art. Voici encore qui s’oppose directement à la doctrine des maîtres classiques, chez qui l’harmonie est de ces divers éléments le plus subordonné, non certes qu’une écriture harmonique terne, commune, inexacte, ne suffise à déshonorer une œuvre, mais parce que la justesse et la {pléni-