européen. Kant a dissipé à tout jamais l’illusion
« théorique », en démontrant la relativité de la
science et l’étroitesse de son légitime domaine,
hors duquel se déploie le désert infini livré aux
coups de génie de la création esthétique et de la
création morale. Il a brisé les bornes qui enserraient
les instincts créateurs de l’humanité.
Dans l’essor inouï de l’art musical depuis le milieu du xviiie siècle, Nietzsche salue la réapparition positive des grands instincts créateurs, de l’exaltation dionysiaque :
La musique en tant qu’art universel, sans nationalité, hors du temps est, parmi les arts, le seul florissant. Elle représente pour nous l’art tout entier et le monde esthétique. C’est pourquoi elle est rédemptrice[1].
Entendons qu’elle nous rachète du joug d’une civilisation optimiste etphilistine dont la science et la morale, considérées comme des valeurs absolues, limitent l’horizon et qui attend de l’une et de l’autre la réalisation d’un {ignomi-
- ↑ T. IX, p. 244.