Aller au contenu

Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE

La jeunesse de Wagner est celle d’un dilettante universel dont il ne veut advenir rien de bon[1].


Multiple, protéiforme est également la nature de son inspiration musicale, parce que l’acteur n’est pas une personnalité, mais cent.


Il peut pour ainsi dire parler le langage d’âmès de musiciens différentes et créer des mondes tout à fait divers (Tristan, les Maîtres-Chanteurs)[2].


Nous ne ferons que prolonger la pensée de Nietzsche en observant que cette multiplicité ne distingue pas seulement la poétique musicale de Wagner, mais son style et sa technique. Tous les grands maîtres se sont créé progressivement une manière ; et quelle que soit entre les œuvres de leur début et celles de leur maturité la différence de richesse et de maîtrise, elles ont une physionomie commune. Que l’auteur de Rienzi soit aussi celui de Tristan, il y a là un phénomène unique dans l’histoire de l’art. En adoptant impétueusement au début de sa carrière

  1. T. IX, p. 444.
  2. Ibid., p. 431.