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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/20

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


plus haut point la haute économie de la nature humaine.

Même dans ses excès théoriques, soit quand il déifiait la musique, soit quand il faisait profession de la mépriser, Nietzsche les aura agités de la manière la plus féconde. C’est qu’il sentait la musique très vivement, qu’il l’entendait assez pour en parler avec autorité et qu’à cette sensibilité aiguë et à cette sérieuse compétence il joignait d’être philosophe. « Je ne sais pas jouer de la flûte, mais je sais s’il faut en jouer, » disait un ancien. C’est chose rare et presque héroïque qu’un beau joueur ou un amateur passionné de flûte conçoive l’inquiétude de cette question.

Si la musique ne s’adressait pas à l’intelligence et aux parties supérieures du sentiment, elle ne mériterait pas le nom d’art, et il conviendrait de la reléguer au niveau esthétique des danses lascives. Mais, de tous les arts, elle est de beaucoup celui qui, par sa nature même, a la plus forte prise sur la sensation et dispose des moyens de séduction physique les plus puis-